SAVIEZ-VOUS QUE LE JEU EST INDISPENSABLE A LA CROISSANCE PSYCHIQUE DE VOTRE ENFANT ?



Une fois n’est pas coutume, ce mois-ci, je commencerai volontiers par une citation, non pas d’un article, mais d’un livre. Cette citation illustre bien le thème que j’avais choisi, à savoir le jeu. Vous la trouverez à la page 24 du livre de Maurice Berger « Voulons-nous des enfants barbares ?  Prévenir et traiter la violence extrême. »

En effet, j’avais prévu de vous encourager à jouer avec Coco non seulement pour entretenir votre relation avec lui, elle, mais aussi parce que les bienfaits du jeu pourraient à eux seuls faire l’objet de tout un article.

En lisant pour une toute autre raison le livre de cet auteur, j’ai trouvé sa définition du jeu parfaite pour introduire mon article.

« De même que les protéines, glucides, lipides sont indispensables à la croissance physique d’un nourrisson, le jeu est l’aliment indispensable à sa croissance psychique. C’est l’activité qui lui permet de jouer avec ses pensées, ses peurs, sa violence, de construire des raisonnements, d’accéder au faire semblant et à une pensée abstraite ».

En tant que bébé, jouer pour Coco se résume souvent à des mimiques, des gestes, au plaisir d’observer, de toucher, sentir, goûter, réagir à vos initiatives de jeux « Coucou me voilà ». 

Progressivement, il saisit les objets à sa portée pour les manipuler, les explorer, les utiliser... 

Par la suite, Coco devient capable de jouer à faire semblant. Faire semblant de téléphoner avec un jouet, de dormir, de se mettre en colère, d’être une princesse en mettant en scène ce que fait une princesse, jouer à papa et maman, au docteur, à la maîtresse. Il devient capable de mettre en scène les activités de la vie quotidienne ou de son imagination. De faire comme si…

Avec l’apparition du langage, les jeux de Coco s’organisent de mieux en mieux et se complexifient. Selon le jeu, un même objet ou une même préparation peut être à la fois la soupe du repas si il, ou elle joue à papa et maman ou une potion magique concoctée par la méchante sorcière... Coco apprend à faire référence au passé, au présent et au futur, exerce sa créativité…
A travers le jeu, Coco apprend à prendre en considération autrui, à attendre son tour, il s’autorise à faire et être ce qu’il n’est pas dans la réalité. Le jeu peut aussi être l’occasion d’exprimer ses peurs, ses angoisses, de mettre en scène ses pensées, de jouer avec ses émotions, les apprivoiser…

Bien que les enfants qui n’ont pas de troubles du développement apprennent à faire la différence entre le réel et l’imaginaire, il vaut toujours mieux préciser le début et la fin du jeu (quand vous jouez et quand vous ne jouez pas).

Le jeu participe au développement psychoaffectif de Coco et l’aide à maîtriser son corps, à tenir compte de l’autre, à acquérir de nouvelles compétences en jouant des rôles (Tisseron, 2010) en développant son empathie…

Oui, les bénéfices du jeu sont multiples et Coco à travers le jeu comprend des choses qu’il ou elle ne comprendrait pas forcément avec de longues explications. 

En prenant le temps de jouer avec nos bébés, puis nos enfants, en créant des espaces pour le faire et en incluant le jeu dans sa routine dès le départ, nous leur rendons un grand service. Ils développent la capacité de s’amuser seul, avec vous, sa fratrie, ses copains… 

Nos cocos peuvent jouer des heures ensemble au point de nous en vouloir lorsque nous venons interrompre certains jeux pour les ramener à la réalité (il faut ranger et se préparer à partir par exemple). J’aurais bien aimé vous dire que cela s’est fait tout seul. Mais, non. Il a fallu en amont jouer avec eux, leur apprendre à jouer en posant un cadre, leur imposer des temps de jeux seuls (chacun dans sa chambre), les regarder jouer ensemble pour  observer la dynamique et l’ajuster quand cela est nécessaire… Vous l’aurez compris, jouer s’apprend, et ce très tôt. Et nos enfants apprennent un grand nombre de choses en jouant. En faisant comme si… Petite précision… Je parle ici de vrais jeux ! Si, si, vous savez ! Ceux qui n’ont pas nécessairement d’écran… ceux dans lesquels l’imagination de vos enfants a encore le droit d’exister…

Pour finir, je trouve intéressant d’observer comment avec nos deux « grands » de 8 et 11 ans aujourd’hui, Thierry et moi devons parfois leur rappeler de débarrasser la table ou vider le lave-vaisselle alors que lorsque nous jouons au restaurant (c’est un des jeux qu’ils aiment bien), ils s’occupent de tout, tout ce que nous avons à faire c’est nous installer à table et je m’amuse à être une cliente compliquée. Ce qui ne me demande pas d’effort puisque je le suis dans la réalité… d’après mon mari en tout cas !

Et vous, vous jouez à quoi avec vos enfants ?

Mj


Pour aller plus loin :






-    Djenati Geneviève, « Un enfant joue », Le Journal des psychologues, 2012/6 n° 299, p. 16-16. DOI : 10.3917/jdp.299.0016

-     Serge Tisseron, Le déséquilibre des images et le jeu des trois figures,  Spirale, 2009/4 (n° 52), 152 pages

-       Serge Tisseron, Apprendre à jouer pour développer l’empathie, Spirale 2010/4 (n° 56), Page 47-56

 Le langage dans le jeu de fiction: une manière d'évaluer la théorie implicite de l’esprit chez le jeune enfant, Veneziano, Edy (CNRS, Université Paris 5, France)

 Habitudes, conceptions familiales de jeu et situation de jeu symbolique mère-enfant, Butty, Jeanine Revue Tranel (Travaux neuchâtelois de linguistique), 2007, vol. 46, p. 19-32 (Fondation Mérine, Moudon, Suisse)