En attendant la
création d’une plate-forme mettant à la disposition des familles les résultats de
toutes les recherches scientifiques les concernant, vous trouverez sur mon blog
des extraits de certains articles que je trouve pertinents.
J’essayerai à
chaque fois d’extraire de l’article ce qui me semble important de porter à la
connaissance des parents et des professionnels de l’enfance par rapport à la
question de départ. Et comme d’habitude, vous trouverez à la fin de mes
éventuels commentaires les références ou le lien vers l’article lorsque
celui-ci est disponible.
Considéré comme un
problème de santé publique important, les troubles du langage oral et écrit de
l’enfant, parfois associés à d’autres troubles du comportement feront l’objet
de notre attention ce mois-ci.
Laurence Watier (2006)
et ses collaborateurs ont mené une étude longitudinale pour différencier les
vrais troubles des simples retards qui peuvent se combler avec le développement
de l’enfant.
Introduction
« Certaines
difficultés langagières observées à l’âge préscolaire sont liées aux
performances scolaires, notamment en lecture, quelques années après. Toutefois,
une proportion importante des enfants ayant été identifiés précocement comme
présentant des retards de langage, ont des chances de voir leurs difficultés
disparaître avant l’âge de 5- 6 ans.
Ce travail étudie
la liaison entre le repérage réalisé en petite section de maternelle et l’apprentissage
du langage écrit (lecture et dictée) au CE1.
Nous examinons l’effet
des difficultés de langage et de comportement repérées précocement par les
enseignants sur le retard d’apprentissage de la lecture, lorsque l’on tient
compte de certains facteurs liés à l’environnement socio-éducatif de l’enfant :
niveau d’études des parents, présence ou absence d’un bilinguisme au sein de la
famille, zone d’implantation de l’école de l’enfant.
Résultats
La présence d’un
retard de langage écrit au CE1 n’est pas liée au sexe, ni à la présence d’un
bilinguisme au sein de la famille, alors que ces facteurs étaient liés aux
difficultés de langage et de comportement en petite section. Par contre, le
retard en lecture au CE1 est plus fréquent lorsque le milieu socioculturel de
la famille est bas et lorsque l’école fréquentée se trouve en zone d’éducation
prioritaire ou urbaine sensible. »
Une corrélation
particulièrement significative est donc observée entre les difficultés en
production orale en petite section et la présence d’un retard au CE1(deuxième
année de primaire).
« Ainsi, le fait d’avoir des difficultés globales ou en production
orale en petite section, d’être issu d’un milieu socioculturel bas et d’être
scolarisé dans une école située en zone d’éducation prioritaire ou urbaine
sensible augmente le risque d’avoir un retard de langage écrit au CE1.
Chez les enfants ne
présentant pas de difficultés orales, non scolarisés en zone d’éducation
prioritaire ou urbaines sensibles et issus de familles de niveau socioculturel
moyen ou élevé, 2, 1% des enfants seulement
ont un retard dans le langage écrit au CE1. Ce pourcentage atteint 21, 3% si les enfants sont scolarisés en zone d’éducation
prioritaire ou urbaines sensibles et sont issus de familles dont le niveau
socioculturel est bas. Si on introduit en plus la présence de difficultés
orales en petite section de maternelle, les pourcentages d’enfants avec retard
au CE1 sont respectivement 7,4% (au lieu de 2,1%) et 50% (au lieu de 22, 3%).
Discussion
Ces résultats
montrent que certaines difficultés de langage signalées par les enseignants de
la petite section de maternelle, sont liées à un retard dans l’apprentissage du
langage écrit en 2ème année de la scolarité primaire, même après
prise en compte de l’effet de certains facteurs environnementaux, et notamment
du niveau socioculturel de la famille. Le « retard global » est un
retard dans l’apprentissage du langage écrit et non pas un retard sur l’ensemble
des matières enseignées au CE1.
Les résultats
suggèrent que les troubles du comportement en classe de petite section de
maternelle signalés par les enseignants : a) doivent être considérés à
part et non pas intégrés aux difficultés de langage ; b) ne sont pas
associés à un retard dans l’apprentissage de lecture quatre ans plus tard.
Conclusion
Une
évaluation très simple des difficultés de langage de l’enfant de 3 ans et demi
par les enseignants s’avère fortement liée au retard en langage écrit, chez les
mêmes enfants, 4 ans plus tard. Toutefois, le pourcentage d’enfants
qui présenteront un retard dans l’apprentissage de l’écrit en deuxième année de
scolarité élémentaire est nettement plus faible chez les enfants de milieux non
défavorisés avec difficultés de langage signalées à 3 ans et demi. Par
ailleurs, à l’époque où cette étude a eu lieu, les interventions thérapeutiques
pour retard de langage de l’enfant étaient trop rares dans les zones défavorisées ».
Je vous laisse tirer
vos propres conclusions et commenter l’article !
Vous savez
maintenant que la présence de difficultés globales en petite section est liée à
la présence d’un retard de langage écrit au CE1. Les difficultés dès la petite
section n’ont rien d’anodin et doivent être prises au sérieux si l’on veut
éviter des difficultés plus profondes par la suite.
Le mois prochain,
il sera question de l’effet à long terme sur l’apprentissage de la lecture d’un
comportement perturbateur.
Article intégral :