Saviez-vous que votre bébé aime être regardé ?

Premier regard, regard d’amour, regard de convoitise, regard envieux, regard jaloux, regard indifférent, regard innocent, être fusillé du regard, regard admiratif, regard soucieux, regard interrogatif, regard intéressé, regard méprisant, regard paisible, regard troublé, regard fier, regard fuyant, souriant, menaçant, agressif, séducteur, naïf, trompeur, gêné, absent, glacial, encourageant, confiant,  éteint, moqueur, méchant, bienveillant, déçu, papa regarde, maman regarde moi, regarde comme je sais faire ceci, regarde comme je sais faire cela… d’innombrables messages peuvent être transmis à travers le regard.
Aussi vrai que votre bébé n’a pas besoin de télévision pour se développer, il a désespérément besoin d’être regardé. Pas simplement gardé !
Du premier regard (quand il existe) qui lui souhaite la bienvenue, au dernier, votre bébé croisera entre les deux un large éventail de regards.
C’est à travers votre regard, qu’il va se sentir capable ou pas, désirable ou pas, respectable ou pas, aimable ou pas…
C’est aussi votre regard qui l’autorise ou non à aller et à devenir…
C’est surtout à travers votre regard qu’il se positionnera dans la vie. Son estime de lui-même ou à l’inverse son manque de confiance en lui-même peuvent être le résultat du type de regard posé sur lui par ses plus proches. Comment s’estimer digne d’être regardé ou ayant de la valeur quand on reçoit des messages dévalorisants ? Comment oser entreprendre si les messages reçus nous traitent d’incapables et de bons à rien ?
Passez donc du temps à regarder votre bébé. Même si vous n’avez pas le temps, prenez-le, il ne souffrira pas de ne pas être baigné tous les jours, mais de l’absence de votre regard, oui.
Je fais probablement un très grand écart, mais il peut-être utile de s’interroger sur le besoin accru de reconnaissance des uns et des autres, l’engouement des participants pour des programmes de télé –réalité en tout genre, n’importe lequel, pourvu qu’on soit regardé ! Et parfois à quel prix ?
Jeanne Moll fait un parallèle entre le regard de la nouvelle mère et son bébé et l’échange de regards entre un jeune professeur et une classe qu’il voit pour la première fois. L’auteure fait ce parallèle pour démontrer l’importance des regards et des paroles entre les adultes proches et un enfant. Elle aborde également entre autres l’impact du regard des maîtres sur les élèves.
Je vous invite à mener une petite expérience pour moi, lorsque vous serez à l’extérieur, sur 10 personnes inconnues que vous croiserez (devant qui vous passez), combien vous regardent  dans les yeux ? Précisez  votre résultat dans votre commentaire ainsi que votre ville. Ce serait intéressant d’avoir une petite idée des lieux où les gens se regardent le plus. Si cette expérience nous fait prendre conscience du fait que nous regardons parfois si ce n’est souvent beaucoup de personnes lointaines voir inaccessibles en oubliant de regarder celui que nous avons en face de nous en chair et en os, ce serait un bon début. Observons-nous parfois au téléphone avec quelqu’un à l’autre bout du monde, connectés à l’univers mais pas un simple regard pour la personne juste en face de nous !
Pensons à renouveler l’intérêt porté au nourrisson qui s’étiole au fur et à mesure que celui-ci grandit.
Nos bébés aiment être regardés vous l’aviez probablement observé. Prenez le temps de regarder votre bébé.
Mais surtout prenez aussi comme habitude d’exiger de lui qu’il vous regarde quand vous lui parlez. C’est un bon entraînement pour mettre en place  les bases de ce qui sera plus tard l’attention, la concentration… et pour être sûr de sa compréhension. En effet, un enfant qui fait autre chose quand vous lui parlez a plus de chance de ne tenir compte que de ce qu’il fait.
En rédigeant cet article, j’ai entre autres choses pensé à ceci : les trois personnes aveugles que j’ai eu la chance de connaître à ce stade de ma vie me regardaient en me parlant. Parmi eux, le copain qui m’a appris à me servir d’un ordinateur est aveugle. Non seulement il me regardait en me donnant ses consignes, en comprenant mes réponses, il disait : « je vois ce que tu veux dire ». C’est dire la complexité des mécanismes en jeu.
Si sans vision  il semble possible de regarder, à combien plus forte raison en voyant ?
Regardons-nous les uns les autres, à commencer par nos bébés ! Un regard conscient de l’autre, attentif à l’autre.
Michelle Jourdan
Consultante / Coach parental
Pour aller plus loin :

Pour aller trop loin :
http://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2003-4-page-466.htm