Deuxième partie
Il est question ce
mois-ci de l’importance de la première tétée, du premier biberon dans la mise en
place de la routine de Coco. Je ne parle pas de la toute première mise au sein
après l’accouchement, mais de la première tétée officielle. Celle qui
marque le début de la journée de Coco après la montée de lait pour celles qui
allaitent...
Il existe tellement
de théories sur le mode d’alimentation de nos bébés, pas étonnant que certains
parents soient confus.
A la demande, à
heures fixes, quand Coco pleure, au sein, au biberon… mon but ici n’est pas de
décrypter tous les termes et toutes les techniques, bien que j’aie mes propres
observations à ce sujet. Ce sur quoi j’aimerais attirer votre attention c’est
que pendant les repas de votre bébé, il se passe beaucoup plus de choses que le
remplissage de son tube digestif ! Votre choix du mode d’alimentation de
Coco aura un impact sur l’autorégulation de sa faim, sur son sommeil, et sur son
tempérament.
Que vous
travailliez à la maison ou à l’extérieur, plus vite vous mettez votre routine
en place, mieux ce sera pour tous. Souvenez-vous, c’est plus compliqué de
désapprendre, et c’est valable aussi pour les adultes !
Je suggère que l’heure de
réveil dont il est question aujourd’hui soit réfléchie, choisie
et mise en place dès la première semaine, sauf contre-indication médicale. C’est
à vous de déterminer l’heure de réveil de votre bébé. Aussi bien en fonction de
lui, que de votre cellule familiale. Il vaut mieux l’avoir en tête avant votre
retour à la maison et vous y tenir. Ceci n’est pas toujours facile au départ
puisque Coco passe la majeure partie de son temps à dormir, mais les bénéfices
du cadre que vous posez à ce petit être seront appréciés par tous, à commencer
par lui. Aux partisans du « ne réveillez jamais un bébé qui dort »,
je réponds, c’est lui qui vous réveillera…
Plus sérieusement,
j’ai observé comme beaucoup d’autres parents je pense, qu’en proposant à Coco, son
premier repas à l’heure choisie de réveil, la répétition de cette action
transmet à Coco l’information selon laquelle c’est à ce moment qu’il faudrait
se réveiller. Oui, aussi vrai qu’il y a un temps pour dormir, il y a un temps
pour se réveiller. Que ce soit facile pour nous ou pas, réveiller Coco à ce
moment là clarifie notre message. La répétition de ce message avec constance,
persévérance et patience crée progressivement une cohérence. Très rapidement, il
ne sera plus nécessaire de réveiller Coco puisque son organisme aura pris ce
rythme.
Concrètement, si vous vous attendez à ce que
votre bébé soit réveillé tous les matins à 7 h deux ou trois mois après sa
naissance pour des raisons liées à votre organisation familiale, je vous
déconseille d’attendre la semaine qui précède votre reprise d’emploi pour le
mettre à votre nouveau rythme. J’ai observé que les bébés avec une routine bien
consolidée traversent beaucoup mieux les périodes ou situations de transition
que leurs congénères.
Quand bien même
vous êtes disponibles et estimez que vous êtes à la maison pour vous occuper de
Coco et qu’un premier bib à midi ne vous dérange pas, faites l’effort
d’anticiper en pensant au fait qu’il n’en sera pas toujours ainsi. Il n’est
même pas souhaitable qu’il en soit ainsi. Dans l’intérêt de Coco, choisissez-en
un tout de même. Votre enfant ne restera pas éternellement chez vous et devra
s’adapter tôt ou tard au rythme des institutions qui l’accueilleront.
De plus, nous ne
serons pas éternellement là pour nos enfants, cela n’arrive pas qu’aux autres
et les préparer, les entraîner à faire face aux défis de notre nouvelle société
ne s’improvisera plus. Notre désir d’être toujours là pour eux, doit
s’accompagner d’une volonté de les équiper face à la vie. Conscients que nous
ne serons pas forcément de la partie.
Tout ça juste pour
la première tétée ? Oui, derrière cette décision, vous dites à Coco que
vous avez la situation en main, qu’il peut s’occuper du reste parce qu’avec
vous il est en sécurité. Il a besoin de signaux qui lui indiquent que tout va bien !
Et j’irai même plus loin en disant que plutôt que d’avoir l’impression de rater
quelque chose en dormant, le bébé qui sait que ses parents viendront quand ce
sera le moment, est un bébé serein. Si ce moment change tous les jours, on
n’est pas sorti de l’auberge !
Vous êtes nombreux
à attendre le matin que votre bébé se réveille « naturellement » les
premières semaines. Vous ne le réveillez que lorsque vous êtes obligées de le
faire. Si vous bénéficiez d’un congé de maternité extra-large ou êtes en congé
parental, vous pensez certainement qu’il n’y a aucune raison de le réveiller
parce que s’il dort, c’est qu’il en a besoin... Je vous invite à considérer que
non seulement Coco (contrairement à ce que certains racontent) à ce stade de
développement ne sait pas encore qu’il devra se lever tôt pour se rendre chez
son assistante maternelle, sa crèche…mais encore, qu’il n’est même pas capable
de l’envisager. C’est donc à nous parents d’y penser pour lui, elle.
Si enfin ma
conviction ne vous suffit pas, je vous laisse avec une citation de (Pinelli,
2008)* faisant référence aux travaux menés par le neurobiologiste Jean-Pol
Tassin, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la
recherche médicale (INSERM). Ces travaux « nous montrent comment le bébé
appréhende le monde. Il n’a pas encore l’esprit d’analyse mais possède des
récepteurs sensoriels très performants qui lui permettent de percevoir le monde
de manière précise et dans ses moindres détails. Il procède ensuite par
associations, par analogie. »
Le mois prochain si je ne change pas
d’avis, je porterai à votre connaissance des recherches
qui ont mis en évidence les effets bénéfiques des habitudes familiales sur le
devenir social et cognitif de l’enfant.
En attendant, MERCI
à tous pour l’intérêt que vous portez à mes publications. Vous êtes de plus en
plus nombreux à me lire… Plus de 4 000 pages vues !
Merci à tous mes
lecteurs qu’ils viennent de France, des Etats-Unis, de Suisse,
du Canada,
d’Allemagne,
de Belgique,
du Royaume-Uni,
de Russie,
du Japon,
et d’Irlande !
La prévention doit devenir une
priorité.
Mj
*Pinelli
Anna , « Portage et sommeil » ,Spirale, 2008/2 n° 46, p. 29-33. DOI :
10.3917/spi.046.0029