Comment introduire
cet article autrement qu’à travers ce qui me mobilise en ce moment ? Ma
spécialisation de psychologue dans le cadre du MAS/CUSO de l’Enfant et de
l’Adolescent.
C’est dans ce cadre
que j’interviens dans une structure accueillant des jeunes de 7 à 13 ans au
sein d’une équipe de personnes passionnées par leur métier dans une Institution
tout à fait atypique à Genève. Atypique parce je découvre un mode de
fonctionnement tout à fait différent de ce que j’ai connu auparavant.
En effet, en France
et en Suisse, comme dans beaucoup d’autres pays, les fonctions au sein des
institutions sont cloisonnées. Chaque professionnel (médecin, psychologue,
éducateur, orthophoniste ou logopédiste, psychomotricien…) fait son travail et
des réunions permettent à chacun d’apporter son éclairage, ses observations sur
l’enfant. Tous ces éléments permettent de se faire une idée plus ou moins
précise de la vie de l’enfant, son état, sa problématique, des enjeux afin de
mettre en place un projet adapté.
L' Institution qui
m’accueille cette année a fait le choix de ne pas cloisonner ces fonctions. Tous
les intervenants sont donc polyvalents. Très surprise au départ, c’est en le
vivant que non seulement je comprends les raisons de ce choix, mais qu’en plus,
je le trouve judicieux à plusieurs égards.
Tous les membres de
l’équipe participent à différents moments de vie des jeunes accueillis. Ce qui
permet à chacun de voir le jeune dans différentes situations, d’interagir avec
lui dans des contextes différents et ainsi d’avoir une vision globale beaucoup
plus proche de la réalité que le fait de se contenter d’un entretien, quel
qu’il soit.
Cette approche me
permet d’être impliquée dans la vie de ces jeunes dès leur arrivée dans l’Institution. Être sur place avant leur arrivée, permet non seulement de les accueillir, mais
aussi de voir dans quel état le jeune arrive et être disponible pour lui
(surtout après le week-end).
Mettre en place par
exemple un atelier cuisine avec un enfant qui se coupe rapidement de notre
réalité pour vivre dans la sienne, se trouve être un outil fantastique pour
ancrer ce jeune dans le concret, dans l’organisation des tâches, voir comment
il procède, comment il réagit, jusqu’où il peut aller, s’il décroche ou pas, la
fierté qu’il ressent de voir sa cuisine appréciée par le groupe…
De plus, la
médiation de la cuisine permet des échanges d’une variété, d’une proximité et
d’une richesse indescriptibles.
Être présente à
certains moments dans la classe avec un éducateur, permet d’autres observations
sur le comportement d’un jeune… sa posture, sa compréhension des consignes, son
respect ou non de celles-ci, la tenue de son instrument scripteur pour ne pas
dire du stylo, les séquences d’organisation des tâches qui lui sont confiées…
Être à table avec
eux, lors d’un repas dans la semaine, me permet d’autres formes d’interactions
ainsi qu’une écoute différente. Nous entendons à table des choses que nos
jeunes ne diraient pas forcément lors d’un entretien prévu à cet effet. Quand
bien même il ou elle le ferait, les réactions verbales ou comportementales des
autres enfants feraient défaut.
Organiser une
récréation et les surveiller pendant celle-ci, permet encore d’autres
observations différentes de celles qui ressortent lors de l’atelier bricolage
(que je sois là pour accompagner ceux qui ont des difficultés dans la
réalisation de leur travail ou pour animer l’atelier).
L’un des bancs de
la cour de récréation a déjà été le lieu de plusieurs confidences. De même
qu’être assise sur la balançoire voisine déclenche aussi d’autres formes
d’échanges.
Ce degré
d’implication dans la vie de ces jeunes me donne un éclairage tout à fait
particulier et d’une richesse telle qu’après trois semaines, j’ai l’impression
d’y être depuis plusieurs mois.
Au-delà de
l’originalité de l’absence de cloisonnement dont il est question depuis le
début, ce qui est important ici, me semble-t-il est l’opportunité de voir
évoluer ces jeunes dans différents contextes.
En tant que
parents, nous voyons évoluer nos enfants
de manière quotidienne dans différents domaines et à des moments parfois
inattendus. Des choses anodines pour nous peuvent s’avérer capitales pour eux
et inversement. Tous ces moments de vie sont des occasions à saisir pour
transmettre, encourager, guider, corriger… bref, équiper nos enfants pour les
préparer à leur vie d’adulte.
Dans la course
effrénée de nos activités, de nos responsabilités, des choses que l’on a à
faire… Prenons-nous le temps de leur parler, de les écouter ? Quelle est
la dernière fois que vous avez « pris rendez-vous » avec l’un de vos
enfants ? Juste tous les deux ? Pour varier la palette des moments
que vous partagez, et échanger ainsi davantage, différemment…
Le mois prochain,
il sera question de la fenêtre qui mène à leur intimité que nos enfants
n’ouvrent qu’à certains moments. La porte étant fermée à clé.
super intéressant! merci de partager cela. J'ai hâte de prendre rv individuellement avec mes petits chéris, j'avais bien besoin de ce petit rappel... Anne-Laure
RépondreSupprimer