SAVIEZ-VOUS QUE LE SOMMEIL… ?

(Deuxième partie)


« Le sommeil des six premières années

Les principales caractéristiques du sommeil de l’adulte vont se mettre en place au cours de cette période. Le sommeil agité des premiers jours, entrecoupé par de fréquents mouvements corporels, va progressivement faire place à un sommeil stable que l’on va dès l’âge de 3 mois appeler « sommeil paradoxal ». Ce sommeil va beaucoup diminuer en quantité, de 50 à 60 % du temps de sommeil à la naissance, il n’en représente que 35% à 3 mois et atteint les valeurs de l’adulte vers 1 an (20-25 %).

Les parents, l’environnement jouent un rôle important dans la mise en place d’un rythme veille/sommeil stable ; on sait par exemple que des interventions maternelles trop fréquentes encouragent le bébé à se réveiller complètement et à signaler ses éveils nocturnes. Des vidéos ont d’ailleurs montré que des nourrissons réputés « bons dormeurs » pour leurs parents se réveillaient aussi souvent que les nourrissons jugés « mauvais dormeurs » : les premiers se rendormaient seuls sans signaler leur éveil, les seconds incapables de se rendormir seuls réveillaient leurs parents. 

La tendance à dormir plus ou moins, à être du soir ou du matin est héritée de nos parents mais influencée par l’environnement et l’éducation.

Avant 6 ans, la diminution de la durée de sommeil est expliquée par la disparition progressive des siestes : à 6 mois le nourrisson fait généralement trois siestes, une le matin, une en début d’après-midi, une en fin d’après-midi. La sieste de fin d’après-midi disparaît entre 9 et 12 mois ; celle du matin entre 15 et 18 mois ; celle du début d’après midi est généralement perdue entre 3 et 6 ans.

Petits et grands dormeurs, couche-tôt et couche-tard

Il existe comme chez l’adulte, d’un enfant à l’autre, des besoins de sommeil très différents avec des écarts de 2 à 3 heures, et on peut pratiquement affirmer qu’il existe dès les tout premiers jours de vie des petits et des grands dormeurs.
L’heure du coucher est, comme les durées de sommeil, très variable : certains enfants couche-tôt, s’endormiront facilement à 20 h ou même 19 h 30, mais se réveilleront tôt, alors que les couche-tard auront beaucoup plus de difficultés à s’endormir le soir et à se réveiller le matin pour aller à l’école.

Installation du rythme jour/nuit

Le nouveau-né dort presque autant le jour que la nuit, par périodes de 3-4 heures entrecoupées d’éveils ; on parle de rythme ultradien de 3-4 heures. En fait, la composante circadienne (aux environs de 24 heures) existe dès la période néonatale.
Il existe d’ailleurs, dès les tout premiers jours de vie, un peu plus de sommeil dans la nuit. Un rythme jour/nuit stable de 24 heures va s’installer normalement avant le sixième mois. Il peut parfois apparaître très vite : chez les enfants nés à terme, les périodes de veille et de sommeil les plus longues peuvent survenir à heures régulières dès l’âge de 1 mois, être diurnes pour les premières, nocturnes pour les secondes. A partir de 6 mois, la période de sommeil la plus longue suit généralement la période de veille la plus longue.
En revanche, si l’influence de ce rythme prépondérant de 4 heures va diminuer rapidement pour les rythmes veille/sommeil, il va persister beaucoup plus longtemps pour les prises alimentaires. 

Les rythmes biologiques

Les rythmes circadiens pour les fréquences cardiaques, les mouvements corporels, la température corporelle, le cortisol et la mélatonine, apparaissent tous au cours des deux premiers mois de vie. L’amplitude de ces rythmes, faible à 1 mois, va augmenter significativement à partir de 3 mois. Les rythmes circadiens de la température et de la mélatonine pourraient jouer un rôle dans l’installation de rythmes veille/sommeil stables chez le petit nourrisson.» (Challamel, 2005).

Les donneurs de temps  

L’implication des donneurs de temps appelés synchronisateurs externes par Zeitgeber est essentielle. C’est en référence à ceux-ci que Challamel (2005) affirme ceci : « Ce rythme circadien de 24 heures ne pourra s’installer sans donneurs de temps, son apparition pourra être retardée chez certains enfants, s’ils ne sont pas donnés. Chez le nouveau-né, le donneur de temps le plus important va être sa relation avec sa mère, puis très vite, dès les toutes premières semaines de vie, d’autres donneurs de temps deviennent essentiels : l’alternance du jour et de la nuit ; la régularité des prises alimentaires et leur disparition progressive dans la nuit ; la régularité des moments de promenade et d’échanges ; un peu plus tard, celle des heures de siestes, de coucher et surtout de réveil le matin. Tous ces donneurs de temps vont aider le nourrisson dans l’installation de ce rythme jour/nuit. Le non-respect de ces donneurs de temps peut entraîner de très importantes perturbations du rythme veille/sommeil et conduire parfois à une véritable inversion du rythme jour/nuit. »

C’est dans le même ordre d’idée que De Leersnyder (2007) considère qu’ « il est donc indispensable de ne pas laisser un bébé en libre cours, mais de lui donner des repères pour s’adapter peu à peu aux rythmes sociaux ». L’auteure précise ainsi la liste des donneurs de temps en rajoutant, l’alternance repos-activité (promenades, jeux, soins), les temps où le bébé est dans son  berceau. 
Entre 3 et 6 mois, dit-elle, le nourrisson devra apprendre à synchroniser ses rythmes endogènes avec l’environnement. Cette période correspond aussi à une maturation cérébrale rapide qui aboutit, à l’âge de 6 mois, à une organisation du sommeil nocturne proche de celle de l’adulte. A 6 mois, les cycles de sommeil sont acquis.»

A ces deux listes, je rajoute l’importance du père quand celui-ci existe. De plus, au-delà de la relation avec les parents, à mon avis, c’est davantage la direction donnée par ceux-ci, la dynamique mise en place qui sera déterminante. Au bout du compte, l’ordre des séquences et surtout l’inlassable répétition de celles-ci simplifient la synchronisation du bébé.

Challamel (2005) conclut son article en ces termes :

« Les principales caractéristiques du sommeil adulte se mettent en place dans les deux premières années. Le nouveau-né dort presque autant le jour que la nuit, par période de 3-4 heures. Un rythme jour/nuit stable de 24 heures va s’installer normalement avant le sixième mois ; l’environnement, le comportement des parents jouent un rôle essentiel dans la mise en place de ce rythme. »

En attendant d’aborder brièvement le mois prochain le sommeil des 6-10 ans et des adolescents entre autres, je réitère ma précédente question :

Comment avez-vous vécu ou géré le sommeil des premiers mois de vo(s)tre bébé (s) ? Cette période si particulière de notre vie de parent…

Mj

Bibliographie :

-          Challamel Marie-Josèphe , « Neurophysiologie du sommeil de l'enfant : de la période foetale aux premières années de la vie » ,Spirale, 2005/2 no 34, p. 19-28. DOI : 10.3917/spi.034.0019

-          De Leersnyder Hélène , « Rythmes fondamentaux du bébé » , Spirale, 2007/4 n° 44, p. 33-38. DOI : 10.3917/spi.044.0033